Reforestation en zone urbaine
La méthode Miyawaki a été imaginée par le botaniste du même nom vers 1970. Inventée pour optimiser le développement d’une forêt sur une petite parcelle, nous parlons alors de micro-forêt. Une forêt de Miyawaki est une imitation d’une forêt primaire de plus de vingt espèces indigènes différentes qui présentent une meilleure acclimatation et donc une génétique mieux adaptée à notre écosystème. Contrairement à la monoculture, la variété d’espèces permet une collaboration étroite et une symbiose essentielle.
Un tel écosystème permet de réduire significativement le risque d’éléments nuisibles et garantit une plus grande résilience face aux différentes menaces (ex.aléas climatiques). Une forêt Miyawaki pousse en moyenne 10x plus vite, abritent 20x plus de biodiversité et est 30x plus dense qu’une forêt conventionnelle. Idéalement, la micro-forêt a besoin d’une surface de 100m2 et d’au moins 3m de largeur, ce qui équivaut à environ 10 places de parc pour voitures. La méthode de Miyawaki consiste à planter 3 arbres par mètre carré de terrain : les plants sont donc serrés pour permettre une meilleure concurrence les premières années et augmenter la rapidité de la pousse de la forêt. Les plantes sont réparties afin qu’en atteignant l’âge adulte, les arbustes, ainsi que les arbres de taille moyenne et grande, ne rentrent pas en conflit entre eux.
La ville de Crissier est en plein développement. Elle présente une nette augmentation, tant au niveau démographique que du patrimoine bâti ou des infrastructures. Les espaces naturels sont quant à eux en recul du fait de l’expansion des besoins humains et ne se cantonnent plus qu’à certaines zones exclusives. Il est pourtant nécessaire, pour faire face aux enjeux environnementaux de demain et se développer de façon soutenable, que la nature s’accroisse au même titre que les bâtiments ou les infrastructures.
Les forêts sont pour plusieurs raisons un atout pour les villes. Ce sont de véritables poumons qui permettent de réduire la quantité de gaz à effet de serre et autres polluants présents dans l’air environnant. Elles apportent de l’oxygène et fixent 20 à 60 % des particules fines. Ces services écosystémiques sont particulièrement intéressants lorsque l’on sait que l’échangeur de Crissier représente l’une des zones les plus polluées de la région. Les arbres, en particuliers lorsqu’ils sont densément plantés, sont aussi utilisés aux abords des routes comme barrage au bruit et permettent ainsi de limiter la pollution sonore globale. Grâce à l’ombrage et à l’évapotranspiration qu’elles produisent, les forêts réduisent la température ambiante des environs de plusieurs degrés. Leurs sols ont la capacité de capter 5 à 6 fois plus d’eau qu’un gazon et filtrent les micropolluants que la pluie leur ramène. Le système racinaire stabilise le terrain et limite l’érosion.
Un tel projet permettrait aussi aux animaux présents dans notre ville de trouver un refuge lors de leur traversée sur le territoire communal. Nous observons une rupture entre le nord et le sud ; les micro-forêts pourraient jouer un rôle de corridor écologique avec des terrains naturels plus grands (les naturalistes parlent de “recoudre le territoire”).
L’implantation de micro-forêt dans les zones urbaines est une pratique ayant “le vent en poupe”. En effet, quelques micro-forêts ont déjà vu le jour à Genève ou en France voisine et un projet est en germination à Prilly. Elles restent néanmoins encore peu développées dans notre pays et Crissier pourrait compter parmi les villes pionnières dans ce domaine. Pour tous ces avantages, ainsi que pour la simple et bonne raison du bien-être qu’apporte la nature en ville à ses habitants, Sauvegardons Crissier s’engage par son association et ses élus à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que de telles micro-forêts puissent voir le jour dans notre belle commune.
Schéma d’une micro-forêt – crédit: freepik.com
Micro forêt en cours de développement de Zaanstad – crédit: Wageningen University & Research
Différence de température – crédit: bonpote.com
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